Préparation mentale en ultra cyclisme : le témoignage de Jean-Pascal
La préparation mentale spécifique à l’ultra cyclisme. Découvrez à travers ce récit le voyage de Jean Pascal Fyad. Jean-Pascal est médecin (chirurgien). Il a terminé sa seconde Race Across France (la RAF) le 21 juin 2025. Il a parcouru 1000 kilomètres avec 18000 de dénivelé positif en moins de 5 jours.
Dans ce témoignage à la fois technique et introspectif, il raconte comment l’ultra cyclisme est devenu pour lui un espace de transformation personnelle. Jean Pascal partage son vécu, ses ressentis avec beaucoup de transparence. Il aborde le rôle clef de la préparation mentale dédiée à l’ultra cyclisme. Notamment le fait d’aborder la course avec plus de sérénité, de lucidité et d’ancrage. Ce récit raconte un voyage mêlant performance, introspection et connaissance de soi.
Préparation mentale en ultra cyclisme : le témoignage de Jean-Pascal
Mes racines
Je m’appelle Jean-Pascal Fyad. Je mesure 1,70m et pèse 70Kg en été (73 en hiver depuis que j’ai dépassé les 50 ans). J’ai une FTP de 213 watts (les connaisseurs comprendront). Je suis marié avec Hélène que j’ai rencontré en terminale. Je suis médecin (chirurgien).
Né à Montpellier, j’ai grandi dans la campagne viticole audoise, au bord du canal du Midi, entre Corbières, Minervois et les grandes plages de sable de Gruissan et Narbonne-plage. Le plaisir de la nature, je l’ai découvert avec le scoutisme. J’ai fait mes études de médecine à Montpellier (le bonheur d’apprendre). Puis ma spécialisation en chirurgie à Nancy (l’apprentissage d’un métier). J’ai été tenté par une carrière universitaire et je me suis finalement installé en libéral à Nancy en 2004. J’exerce avec passion depuis 21 ans la chirurgie plastique, reconstructrice et esthétique.
Mes passions sont mon métier mais aussi les images (la photographie, la peinture) : mon métier est un métier d’image !
Le sport et moi
Ma vie sportive est faite de rugby, de natation (j’ai tutoyé la noyade en cours collectifs), de gymnastique, de handball, de football. J’ai compris très tôt que je n’avais pas de qualité sportive particulière. Lent en course, mou dans mes impulsions, sans intelligence pour les jeux de balle. L’endurance était la seule activité où je me sentais mieux. A l’aube de mes 40 ans, je me mets à la course à pied, par hygiène. Mon père est lâché par son cœur à 67 ans, 2 mois après mes premières foulées. Mon objectif sera alors de faire mieux que lui (comme une forme de compétition avec mon père, au-delà de la mort).
Pendant 10 ans, j’ai donc beaucoup couru, sur route et en trail. Entre les sorties de 10km hebdomadaires, les grandes aventures de masse (3 marathons, 1 Saintélyon), et les trails vosgiens. Ce sport m’a fait redécouvrir l’endurance, la nuit, les grands espaces. C’est aussi grâce au marathon que j’ai compris l’importance d’être accompagné pour un bon entraînement. Et l’importance des dispositions mentales au moment de la course.
Le vélo et l’ultra cyclisme
D’abord le VTT en groupe pour la balade. Puis la route qui ne nécessite pas de compétence de pilotage. Après 10 ans de douleurs musculaires, tendineuses et articulaires en course à pied, le vélo a été une forme de soulagement : je pouvais rouler longtemps sans avoir mal ! Et voir du Pays : Tour de Corse, de Toscane, du Lubéron, de la Drôme provençale, de Slovénie, de Sardaigne, Grande Traversée du Massif central, des Vosges, du Livradois-Forez, du Vercors.
Mais la compétition, hélas, toujours… Des cyclosportives vécues diversement (2 abandons sur Etapes du tour, 1 Etape du tour terminée au bord du malaise), le triathlon XL de Gérardmer terminé en vomissant. J’avais un problème avec l’intensité de ces courses « courtes ».
Découverte et expérience de l’ultra cyclisme
Un ami me propose alors de préparer le Paris-Brest-Paris. Et dans ce cadre, de faire la Race Across France dans sa version 500 km. Je fais une préparation physique sérieuse avec un entraîneur vélo. Mais cette course en duo sans expérience et sans « collaboration » se termine par un abandon au 300ème km dans les nausées et beaucoup de frustration.
J’ai compris avec cette course que la préparation physique n’était pas suffisante : l’expérience et le mental étaient déterminants. J’ai donc fait appel à un entraîneur vélo qui avait l’expérience de l’ultra (Francis Dujardin du réseau WTS), ainsi qu’à Pierre pour la préparation mentale. Avec l’aide d’un copain, j’ai fait mon expérience de la distance, de la nuit (et du sommeil), de la pluie et du froid sur un Dodécaudax (une sortie mensuelle de 200km pendant 1 an), des BRM (brevet des randonneurs mondiaux) de 200, 300 et 400km et sur l’Omomarto (400km, 10000m D+ en moins de 48h).
L’ultracyclisme a d’abord été un défi, qui me permettrait de prouver aux autres que je pouvais faire quelque chose de remarquable (au sens littéral du terme) sur le plan sportif. C’était donc simplement un désir de reconnaissance au sein de mon groupe de vélo.
Ce que m’a apporté la préparation mentale en ultra cyclisme
Dans ma pratique du vélo
Ma première RAF1000 (1200km, 20000m D+) faite en 2024 m’a donné un statut au sein de mon groupe vélo : le seul à avoir fait cette distance en moins de 5 jours. J’ai ressenti une grande fierté à l’arrivée, pour avoir réussi une épreuve que je pensais réservée à des gens « hors norme ».
La seconde RAF1000 (1000km, 18000m D+) en 2025, je l’ai vécue très différemment, sans la pression de la course. Au contraire, l’expérience accumulée pendant 4 ans m’avait donné beaucoup de sérénité. J’ai l’impression d’avoir fait une grande randonnée de 5 jours, sans pénibilité, sans angoisse, avec une conscience permanente de l’environnement et du moment. A l’arrivée, il n’y avait plus de fierté. Il y avait seulement le bonheur d’avoir vécu tous ces moments, d’avoir traversé tous ces bouts de pays, d’avoir pu aider d’autres cyclistes en difficulté parfois, et de l’avoir fait avec légèreté !
Dans ma vie plus globalement
Le lien avec mon métier ? C’est évident : c’est en tous points comparable ! L’objectif que je me suis donné (être chirurgien), les épreuves (les interventions), la douleur (la tension psychologique, le doute, la charge mentale), l’importance de l’expérience et de la gestion des pensées. Le succès, le bonheur quand tout se passe bien et que le résultat est là, et que l’on me dit « vous avez changé ma vie ». C’est difficile aussi, peut-être parce que je n’étais pas fait pour çà. Çà prend une vie pour maîtriser le geste. Et à la fin quand on y arrive, on ressent un très grand apaisement…
Avec Pierre, nous avons travaillé plus que le mental du coureur. Nous avons exploré mes mécanismes de motivation, mes croyances limitantes, mon besoin de reconnaissance, ma peur de l’échec… La préparation mentale orientée ultra cyclisme, ce n’est pas juste apprendre à “tenir plus longtemps”. C’est apprendre à se connaître en profondeur pour mieux traverser l’effort, mais aussi la solitude, les imprévus, la lassitude. C’est un travail d’alignement, pas seulement de résistance.
Le récit de ma RAF 2025
Détails de la Race Across France 2025 – Parcours de 1000km
Informations clés :
- Dénivelé : 18000 M+
- Lieu de départ : Clermont-Ferrand, au cœur du Massif Central.
- Arrivée : Mandelieu-la-napoule
- Date de départ : 16/06/2025
- Délai maximum : 5 jours – 120 heures
- Difficultés majeures : montagne de Lure, col d’Allos, col des Champs, col de la Cayolle, cime de La Bonette, col de Pinpinier
Je vais vivre cette édition autrement. Grâce au travail en préparation mentale ultracyclisme, je ne suis plus là pour prouver. Je suis là pour vivre pleinement l’expérience, sans filtre. J’ai décidé de découper ces 1000 kilomètres en 5 étapes
Etape 1 : Clermont-Ferrand / Donzère – 271km, 3750m D+
Je pars de Clermont-Ferrand à 21h49’30’’. J’ai fait le choix d’emblée de m’arrêter après 2h de course pour dormir. La nuit blanche de la première journée l’an passé avait laissé des traces. 4h30 de sommeil à Sauxillanges, puis reprise de la course à 5h du matin. Traversée des monts du Forez. Mes réserves alimentaires s’épuisent (achat d’un fromage de pays délicieux à un épicier ambulant) et remplissage des gourdes chez l’habitant. Puis descente dans la vallée de la Loire vers le Puy en Velay.
Il est autour de midi et demi quand je trouve un supermarché ouvert à Lantriac, au pied des monts d’Ardèche. Il va faire chaud. J’ai envie de cerises (elles vont m’accompagner pendant 2 jours). Fort de l’expérience de l’an passé, je prête attention à la qualité de mon alimentation : taboulé et salade de pâtes. La montée aux Estables, puis au mont Gerbier de Joncs se fera seul sous un soleil féroce. Mais la diurèse reste bonne : là aussi, l’expérience ! J’utilise une poudre isotonique avec un goût pas trop fort, et une autre gourde pour m’asperger la tête et les cuisses.
La grande descente des monts d’Ardèche et du plateau du Vivarais est un régal. Le Rhône est franchi à Viviers, puis c’est Donzère où m’attend ma chambre. L’appétit n’est pas terrible et je n’arrive pas à terminer ma salade César. Mais je bois et pisse bien. Je dors avec la climatisation car il fait encore très chaud à 21h.
Etape 2 : Donzère / Oraison – 219 km, 3520 D+
Réveil à 3h du matin (j’ai dormi 6h !) et départ vers Oraison pour 219km et 3520m D+. Toute la journée (chaude), je naviguerai entre Drôme et Vaucluse. Petit-déjeuner à Vaison la Romaine (3 œufs au plat, jambon blanc, et pain), montée du petit col de Fontaube sous le regard imposant du mont Ventoux. Glaces délicieuses à 10h du matin à Brantes. Quelques tours de pédale avec Stéphane Bahier, un cycliste (champion du monde de paratriathlon) aligné sur le 1000 qui a été amputé en cuisse droite. Il fait tout sur une jambe, et son déhanché est impressionnant ! Il commence à faire chaud dans la progression vers la montagne de Lure, sommet de la journée.
Gestion de la chaleur et émotions
Après le déjeuner au col de la Pigière (découverte de la première crevaison du tubeless colmatée spontanément), c’est une longue descente dans une vallée désertée avant de commencer l’ascension de la montagne de Lure sur 22km. Il est 14h, on tutoie les 40°C et l’ascension sera lente. Elle est entrecoupée de pauses pour manger ou se détendre, au moins sur la moitié du parcours. Ensuite, la route chemine à l’ombre des arbres, avec une pente régulière. Les mouches m’accompagnent en essaim (je monte très lentement !). Je commence à voir du monde qui me double et c’est agréable de pouvoir parler un peu.
Au sommet, la chanson que j’écoute me fait fondre et je m’en étonne : l’an passé, j’avais attendu le dernier jour et un simple signe d’encouragement d’un cycliste pour fondre en larmes. Çà fait du bien et çà passe. Et vient enfin la longue descente vers Saint Etienne les orgues. Puis les Mées avec ses magnifiques formations rocheuses mises en lumière par le soleil déclinant.
Après avoir traversé la Durance, j’arrive à Oraison pour y dormir. Le steak au poivre a encore du mal à passer, mais je bois bien. Je finis toutes mes frites. Couché dans le mobile home à 21h.
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Etape 3 : Oraison / Villars-Colmars 188km, 3520m D+
Départ à 3h dans la nuit. Le lever de soleil sur le plateau de Valensole est magnifique avec une succession de petites montées et de descentes. Je suis seul sur la route. Je suis rejoint par Eléna avec qui j’avais fini l’étape précédente, mais qui roule plus vite que moi. A la faveur de deux raidards à 14%, elle me laisse et j’arrive seul à Riez pour prendre mon petit déjeuner : pissaladière et palmier géant.
Le préventif coule à nouveau (la route était en mauvais état dans la descente). Je colmate avec une mèche et regonfle avec difficulté : l’obus de la valve se dévisse. Mon pneu ne sera pas assez gonflé mais j’avance. Je croise un groupe de cyclistes qui s’apprêtent à monter le col d’Espinouse. Par chance, l’un d’eux a pris sa pompe à pied (qu’il ne prend pas habituellement) : c’est mon jour de chance et repars avec 3,2 bars dans le pneu !
Arrivée à la première base de Vie à Dignes les Bains
Il fait bon, et j’arrive à la base de vie de Dignes les bains. Petit coup au moral, la base de vie se vide et les bénévoles démontent déjà. Je réalise que je suis en fin de course et çà me met un peu la pression. Bon repas, douche, habits propres, graissage de la chaîne, vérification des pressions et je repars pour l’ascension du col de Corobin : chaud, long et totalement seul entre midi et 14h. Plusieurs pauses brèves. A Barrême, je me régalerai de l’eau fraîche de la fontaine du village, puis de 2 boules de glace sur la place du village qui prépare sa fête.
L’heure qui suivra sera peut-être le seul moment de ce voyage où le moral montrera quelques signes de fatigue. En ce début d’après-midi, il fait chaud, et je suis impatient d’arriver déjà dans la vallée du Verdon. J’avance lentement, dans un environnement que je n’appréhende pas : j’ai du mal à me repérer dans l’espace. Je sais qu’après être descendu plein sud, je dois remonter puis redescendre, mais sans savoir sur quelle distance, ni combien de temps. Un villageois me donne de l’eau et m’apprend que les cyclistes souffrent déjà de la chaleur. Il en a emmené un à l’hôpital ce matin : les premiers abandons.
Soutenir, rassurer
Je pense être seul dans ce fond de vallée écrasé par le soleil (40°C) mais j’arrive à la hauteur de Ricardo. Ricardo est belge, il est en difficulté et pense à l’abandon. Il s’est fixé comme objectif de passer le col des champs ce soir. On en est bien loin et il est déjà 15h. Je sors ma trousse d’urgence psychologique (merci la préparation mentale de l’ultra cyclisme !). On parle (on se raconte nos sorties en Belgique), je le rassure sur la baisse des températures à partir de 16h. Je l’invite à vivre ce moment sans penser à la suite. Ça marche : il se remet à avancer après un arrêt plaisir dans la fontaine fraîche de Tartonne. Ricardo finira sa RAF !
Après le col du Défens, grande descente vers Saint André les Alpes. Je mange 2 yaourts bio, puis c’est la remontée de la vallée du Verdon, fraîche, vers Villars. Ma mèche fuit à nouveau à l’arrière : je la remplace par une mèche plus large et regonflerai à l’hôtel. On annonce la fermeture du col de la Bonette en raison d’orages violents, et la neutralisation de la course. Repas enfin pris avec appétit (pizza, melon et panaché).
Etape 4 : Villars-Colmars / Puget-Théniers : La Trilogie Col des Champs, Cayolle, Bonette
Lors de ma préparation de la course, cette quatrième étape de 215km avec 4530m D+ était marquante. En effet, ces 3 cols (Col des Champs, Cayolle, Bonette) sont bien connus des cyclistes. A 3h, j’apprends que la Bonette est ouverte à nouveau. Il faut partir. Je fais le col des Champs tout seul dans le noir. Il fait frais et je contemple un beau lever de soleil au sommet.
En bas à Saint Martin d’Entraunes, je me sens moins bien, et je finis une salade de pâtes pour être bien dans la Cayolle. J’aurais besoin de mouliner pendant une heure avant de me sentir mieux. Les gâteaux font du bien. Lorsque le soleil commence à entrer dans cette vallée encaissée, le spectacle est magnifique : je suis sur un plateau, au bord du lac d’Estenc. Il y a des fleurs partout, de toutes formes et de toutes les couleurs. Je ne suis plus seul. Je me sens très bien maintenant, et l’arrivée au sommet est magnifique : il fait beau et bon.
La rencontre avec les marmottes !
La descente commence mal : 2 grosses marmottes bien grasses prennent leurs aises au milieu de la route. Je veux les prendre en photo et freine pour m’arrêter : ma roue arrière se bloque, dérape et arrache ma mèche. Le préventif se répand sur le goudron. Je m’installe dans le gazon pour mettre une chambre à air. Je suis heureux d’être là, et de vivre cet incident avec autant de calme (je le réalise !).
La descente de la Cayolle dans la vallée du Bachelard est somptueuse. Ils sont nombreux et nombreuses à monter à 10h du matin. Arrivée à Barcelonnette : ravito au supermarché. Rien ne me fait vraiment envie. Les cadors du 2500 ravitaillent et repartent (c’est une caste à part). Je mange sans appétit, obsédé par la montée de la Bonette qui arrive, par l’orage annoncé au sommet. Et aussi par cette impression qu’il n’y a plus personne derrière moi (10 vélos sur le 1000). J’arrive à la base de vie de Jausiers : quelques gars mangent, d’autres dorment. Il fait 35°C, je me charge en eau (4 litres).
La Bonette
Les 10 premiers km se font tranquillement, mais il commence à tonner. Puis les premières gouttes s’écrasent sur le goudron chaud. J’enfile immédiatement les manchettes et la veste de pluie préparées depuis ce matin. Il reste 12km. Je les ferai sous une pluie d’intensité variable, parfois avec quelques grêlons, sans vent, mais alors que la température baisse. Je n’aurai jamais froid à condition de pédaler. En fait, c’est de la foudre dont j’ai peur. Je compte les secondes qui séparent les éclairs du tonnerre : 5’’, puis 4’’, puis 3’’. La foudre ne tombera jamais à moins de 9 km de moi.
A 2 km du sommet, je profite du seul abri disponible (un blockhaus) pour enfiler la doudoune et le pantalon de pluie en prévision de la descente : il fait 5°C, mais le ciel se dégage doucement. Le vent est plus fort. La cime de la Bonette est une route en dévers, très pentue, remplie de graviers arrachés par l’eau qui ruisselle, encadrée de vieilles plaques de neige sale. Certains ont dû pousser leur vélo.
Je vois le sommet : il y a une camionnette garée devant la plaque commémorative au sommet. Ce sont des bénévoles qui encouragent les cyclistes, les aident à s’habiller, ou les réchauffent dans l’habitacle. C’est Jennifer, la photographe de Strasbourg qui m’accueille. Je lui saute dans les bras, tellement content de la rencontrer ici, après cet orage, et cette peur ! Elle me prend en photos en train d’hurler ma joie d’avoir passé ces 3 difficultés !
Vallée de la Tinée
La descente est un peu délicate sur une route mouillée. J’ai l’impression que ma roue arrière est dégonflée (pas de pompe à la base de vie). Mais si je guidonne, c’est en fait à cause de mes tremblements ! Par chance, il y a le refuge de Bousieyas dans la descente où je reprends des points de vie grâce à deux thés et une couverture chaude ! Très vite après, dans la descente de la belle vallée de la Tinée, la température remonte à 29°C. Arrêt restaurant à 19h pour une andouillette et une tarte aux cerises en compagnie de 3 autres cyclistes. Arrivée à 23h à la chambre d’hôte à Puget-Théniers.
Etape 5 : 123km et 2460m D+ de Puget-Théniers à Mandelieu
Une petite étape tranquille, où la montée au col de Bleine fut longue et laborieuse. Pour la première fois, j’ai manqué d’eau. Arrêt à Saint Vallier de Thiey pour une délicieuse salade d’été et deux boules de glace. Arrivée sans encombre à Mandelieu.
Un magnifique voyage de 4 jours et 28 heures (115 heurs et 25 minutes) parcouru à la vitesse moyenne de 14,1 km/h.
Ce que je retiens de cette seconde RAF 1000 ?
Cette Race across France 2025 a été radicalement différente de la précédente. Moins de stress, plus de présence. Moins de volonté de réussir, plus de volonté de vivre. Je retiens la joie de finir. Et la (petite) frustration que cette émotion n’ait pas été aussi intense que la première fois. Mais aussi le plaisir du voyage. La force de l’expérience. L’envie de recommencer (version raisonnable), ou que l’aventure dure plus longtemps (version déraisonnable).
La préparation mentale centrée sur l’ultra cyclisme m’a permis d’aborder la course avec un regard plus doux, plus juste, plus intérieur. Je n’étais pas là pour prouver. J’étais là pour traverser. Écouter. M’adapter. Accepter. Et au final, pour me connaître un peu mieux.
Les apports de la préparation mentale spécifique à l’ultra cyclisme
Le coaching physique m’a empêché de douter de ma préparation, même si le travail a beaucoup perturbé les plannings. J’ai finalement fait le même kilométrage et le même dénivelé en préparation que l’an passé. La prépa mentale de l’an passé m’a beaucoup aidé (définition des motivations profondes, la question de la peur, de l’abandon, la prise en compte de qui je suis et ce que je veux). Et finalement, nous n’avons pas travaillé sur la course cette année.
L’expérience accumulée a été déterminante pour l’alimentation, l’hydratation, le sommeil, et la gestion de l’effort. Nous nous sommes donc concentrés sur l’aspect professionnel. Ce travail m’a aidé dans la mesure où le travail est un élément de stabilité important pour moi. Je traversais une période à forte tension professionnelle. En m’aidant sur le plan pro, la préparation de la course s’est faite sereinement.
Cet accompagnement professionnel et sportif, je le vis comme une chance. En effet, il est très difficile d’aborder ces difficultés avec nos proches ou avec nos collègues de travail ou d’entraînement. Le simple fait d’en parler avec Pierre a été apaisant, et a renforcé mes choix. J’ai le sentiment d’y voir plus clair dans ma vie, d’avoir atteint une forme d’équilibre, de maturité et de sérénité (pour l’instant…).
Chirurgie et ultracyclisme : un miroir
Ces deux mondes n’ont qu’une chose en commun : l’opérateur ! C’est moi, en tant que personne qui suis à la jonction de ces deux mondes. Donc, mon fonctionnement intime (mes modes de pensée, mes peurs, mes valeurs) reste le même pour le travail et pour le sport. En abordant des problèmes sportifs, je me suis rendu compte que ce que j’apprenais me servait aussi sur le plan pro. Et inversement.
Par exemple, la question de la complication chirurgicale, que j’abordais comme un échec personnel, a pu être perçue sous un angle différent grâce au questionnement de Pierre. Cela a participé à stabiliser mes fondations personnelles. Et par ricochet, à évacuer la crainte de l’abandon, ou de la contre-performance.
Dans l’ultra on a coutume de dire que l’imprévu est la règle et qu’il faut l’accepter. L’acceptation de cet imprévu en chirurgie, même si cela reste difficile pour le patient, est une étape importante pour la confiance du chirurgien. Il doit tout faire pour l’éviter. Mais si le risque se réalise, c’est lui qui doit rester solide et trouver la parade ! La gestion du stress face à une distance inconnue, ou une intervention délicate peut faire appel à des approches comparables : découper l’objectif en sous objectifs, utiliser des techniques de réassurance, planifier, visualiser le résultat, visualiser la victoire…
Un accompagnement qui dépasse le sport
C’est parfois une erreur de penser le coaching sportif comme une aide « à part », centrée sur le sport. En effet, le sportif est à d’autres moments de la journée, un professionnel, un mari, un père, un enfant, un voisin… Et les ressorts psychologiques qui sous-tendent ses comportements dans une épreuve sportive restent actifs dans les autres moments de la vie. L’intérêt du sport, c’est que les a priori sociaux ou moraux sont moins prégnants : il est plus facile d’aborder notre fonctionnement intime à travers le sport, qu’à travers le travail, ou que dans le couple… Mais ce peut être un bon moyen d’y venir malgré tout !
Ainsi, il me semble intéressant d’élargir le champ du coaching aux autres sphères de la vie. Et à d’autres approches issues de la sociologie, de la psychologie, ou des neurosciences.
Prêt à explorer votre potentiel mental ?
Comme Jean-Pascal, vous êtes peut-être en quête d’un accompagnement qui vous aide à traverser les étapes, mieux vous connaître, ou affronter une échéance importante. Que vous soyez sportif, professionnel, dirigeant ou passionné d’endurance, la préparation mentale est un levier puissant de performance, d’équilibre et de transformation.
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Coach professionnel, Préparateur mental et Sophrologue RNCP à Vincennes