Les vertus de l’échec de Charles Pépin

rebondir après un échec, les vertus de l'échec | Performance et coaching

L’échec. Sans échec pas d’apprentissage, pas de progrès, pas d’innovation, pas de performance, pas « d’humanité » (dans le sens de ce qui nous différencie des animaux). Voilà comment je pourrais résumer ma lecture du livre de Charles Pépin, « Les vertus de l’échec », publié chez Pocket.

Les vertus de l'échec - Charles Pépin | Performance et coachingCharles Pépin est philosophe, écrivain. En publiant ce livre en 2016, il propose de changer notre regard sur l’échec à la lumière de la philosophie stoïcienne, de Marc Aurèle, de personnalités comme Freud, Bachelard ou Sartre. Mais aussi à travers les expériences de vie de Rafael Nadal, Roger Federer, de Michael Jordan, de Steve Jobs, de Thomas Edison, de Barbara, de Charles de Gaulle, de J.K. Rowling, etc.

A travers les chapitres, il explicite les multiples apports de l’échec. Et notamment ce principe d’humanité qu’il écrit de la manière suivante : « En nous trompant, en échouant, nous manifestons notre vérité d’homme : nous ne sommes ni des animaux déterminés pas leurs instincts, ni des machines parfaitement programmées, ni des dieux. Nous pouvons échouer parce que nous sommes des hommes et parce que nous sommes libres : libres de nous tromper, libres de nous corriger, libres de progresser ».

 

 

L’échec, partie intégrante de l’apprentissage

A travers plusieurs exemples, Charles Pépin explicite comment le fait de rater est apprenant (de la même manière que pour la PNL, une expérience négative est toujours apprenante).

L’échec permet de :

  • prendre conscience que nous avons des talents de résilience pour nous nous relever
  • corriger pour l’avenir ce qui nous a conduits à échouer
  • nous pousser vers une plus grande volonté de réussite. « Faire l’expérience de l’échec, c’est éprouver son désir et se rendre compte qu’il est parfois plus fort que l’adversité »

Progresser - Faire face aux échecs | Performance et coachingA ce titre, il est bien dommage que le système scolaire français marque en rouge les erreurs, là où le système anglo-saxon indique, en premier et en vert, les apprentissages. Idem dans le monde de l’entrepreneuriat à la française ou le fait de faire faillite était marqué du sceau de la culpabilité, de la stigmatisation des erreurs empêchant le financement de nouveau projet par exemple (et même jusqu’en 2013, d’être « fiché » Banque de France)

Une autre vertu de l’échec réside dans le fait de comprendre. De nombreuses découvertes scientifiques (peut-être même tous ?) sont passées par des étapes d’impasses, d’erreurs. Comme l’indique Gaston Bachelard dans son livre « la formation de l’esprit scientifique » : « La vérité n’est rien qu’une erreur rectifiée ». Cette dynamique de l’essai – erreur permet d’éliminer les hypothèses erronées, de se perfectionner, d’acquérir de l’expérience, de mettre en sourdine la peur de l’échec, la peur d’échouer, d’aller de l’avant. Donc apprendre de ses échecs.

 

Les conditions d’un échec apprenant

L’échec est douloureux et difficile à vivre. Pour qu’il soit apprenant, il est nécessaire

  • d’écarter tout déni de l’échec. Et notamment, par exemple « ce n’est pas de ma faute, mais franchement l’arbitre … ». Il est important de le reconnaître, d’accepter l’échec
  • d’avoir conscience de ses talents, de ses points forts, de sa zone d’expertises / d’expériences, de ses préférences, de croire en ses capacités pour mieux sortir de sa zone de confort
  • de distinguer « être un raté » et « avoir raté ». Un échec, des erreurs ne disent rien de vous comme personne au plus profond de votre personnalité. Ce pas de côté pour ne pas s’identifier à ce que nous renvoie une situation douloureuse est fondamental. C’est une démarche au cœur de la déconstruction de pensées limitantes, des pensées négatives. Pour se libérer aussi du regard des autres, de la peur de décevoir.
  • de prendre le temps de bien analyser à 360 degré la situation d’échec. Il faut faire PAUSE pour digérer les choses (cf. phases du « deuil » au sens d’acceptation) puis de brainstormer pour changer, remettre en question si besoin, mettre en place d’autres stratégies / techniques.

 

Se confronter positivement à la réalité

L’échec est une expérience du réel. A ce titre, la citation de Marc Aurèle est lumineuse : « Donne-moi la force d’accepter ce que je ne peux changer, la volonté de changer ce que je peux changer, et la sagesse de distinguer les deux ». Souvent en séance de coaching ou de préparation mentale, je suis confronté à des personnes dépensant une énergie folle à combattre des choses sur lesquels ils n’ont pas de prise, à vouloir changer des situations sur lesquelles ils n’ont pas de prise. Au lieu d’accepter, de faire quelque chose de la situation pour s’y adapter.

Trouver des vertus à l’échec, c’est aussi une autre manière de faire des debriefings de compétitions, de matchs, de courses. Par exemple, en commençant par les questions « Qu’est-ce que tu as aimé dans ce match ? », « Qu’est-ce que tu as bien fait ? »… Cette approche permet d’améliorer la confiance en soi tout en ne niant pas les points d’amélioration. Elle permet d’éviter de subir un échec, de prendre du recul, de réduire la crainte d’échouer dans les actions à venir. Une fois de plus, ce type de démarche n’en est pas moins exigeante sur le bilan et les changements à apporter.

 

Essayer, c’est prendre le risque d’échouer

michael jordan motivation persévérance réussite | Performance et coachingMichael Jordan est un bon exemple de personnalité qui a transformé ses échecs en succès. La série Netflix qui lui est consacré « The last Dance » le (dé) montre. Il a eu un parcours semé d’embuches avant de faire carrière en NBA, d’obtenir ses titres avec les Chicago Bulls et en équipe nationale. Il résume d’ailleurs cela très bien à travers deux citations :

  • « Je peux accepter un échec ; tout le monde peut échouer. Mais je ne peux pas accepter de ne pas essayer »
  • « J’ai raté 9000 tirs dans ma carrière. J’ai perdu presque 300 matchs. 26 fois, on m’a fait confiance pour prendre le tir de la victoire et j’ai raté. J’ai échoué encore et encore et encore dans ma vie. Et c’est pourquoi j’ai réussi »

Dans son livre, Charles Pépin explicite aussi la différence entre Décision et Choix. Dans une situation donnée, nous avons par exemple deux options A et B :

  • après une analyse rationnelle, l’option B et meilleure que l’option A. Nous la choisissons. C’est fondé, explicable.
  • si malgré l’examen, il y a encore des zones de doutes, de questionnement, Nous pouvons décider de prendre l’option B. La décision va au-delà du rationnel, elle oblige à trancher. Elle nous pousse à faire preuve d’audace. être audacieux, c’est connaître la peur, le questionnement ET en faire un moteur.

Apprendre à oser, c’est apprendre à analyser les situations et oser quand il faut, quand les nécessités de l’action demandent d’aller au delà de nos savoirs, nos certitudes. C’est aussi dépasser ce message contraignant « Sois parfait » si bien décrit par Eric Berne dans son analyse transactionnelle. Le perfectionnisme « tue » le fait d’essayer, d’oser. Se perfectionner et viser l’excellence, voici une autre vertu de l’échec.

 

Autres facettes de l’échec

Charles Pépin explicite d’autres vertus à l’échec. Par exemple :

  • l’échec est porteur d’humilité. Echouer c’est quelque part redescendre sur terre quand on est un peu trop sûr de soi, que l’on a l’impression que la défaite est impossible, ou bien que l’on ait un Ego « un peu » surdimensionné.
  • il peut aussi être un acte manqué, un heureux accident. Comme le décrit souvent la psychanalyse : « un acte raté du point de vue de l’intention consciente, mais réussi du point de vue du désir inconscient ». Une sorte d’intention cachée.
  • Voir l’échec, non pas comme une fin en soi, mais comme un pas de plus vers la réussite. C’est pour cela qu’il est si important de garder courage et d’essayer encore et encore. Il est la preuve d’une force de caractère. L’échec pousse à vouloir faire mieux et à persévérer
  • Paradoxalement, l’échec peut être un porteur de joie, la joie du combattant. La joie de revenir de loin : dans le livre, Charles Pépin décrit l’expérience d’André Agassi en juin 1999 après sa victoire à Roland Garros. Le plaisir de vivre après avoir vécu des moments de vie si difficiles. Le bonheur de progresser et de le constater.

 

Réussir ses succès

Pour s’accomplir pleinement, pour s’appuyer pleinement sur son estime de soi et sa confiance en soi. Il est important de vivre pleinement ses succès, ses réussites. C’est à dire de les savourer, de les ressentir pleinement, de les prendre aussi comment des moments d’apprentissage sur soi. Et surtout de s’appuyer dessus pour se réinventer !

Claude Onesta, entraîneur de l’équipe de France de handball pendant plus de 15 ans et qui a « obtenu » 2 titres olympiques, 4 titres mondiaux, 3 titres européens, soit 9 titres pour 10 finales jouées explique cela très bien : « Je n’ai qu’une préoccupation en tête, modeste et bien plus complexe : Comment fait-on pour gagner la fois d’après, sachant que les autres vont tout mettre en œuvre pour nous faire échouer ? ». Cette fameuse expression populaire « ne pas se reposer sur ses lauriers ».

 

Pour aller plus loin

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Vous trouverez ci-joint un lien vers le livre de Charles Pépin – « Les vertus de l’échec » – édition Allary Editions.

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Pierre Cochat.

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