Mini-transat 2021. Dans le milieu de la voile et en particulier de la course au large, cette course a une place toute particulière. En effet, lors du dernier Vendée Globe, 18 des 33 marins sont passés par la mini transat (dont le vainqueur, Yannick Bestaven) ! Disputée en solitaire et sans assistance, avec des voiliers de 6.50 mètres, l’épreuve est une véritable école de la course au large, où le skipper doit être polyvalent et autonome.
Cette 23ème édition de la Mini transat s’élancera le 26 septembre 2021 des Sables d’Olonne. 90 navigateurs prendront le départ de la course qui se déroulera en deux étapes. Le parcours inédit de 4050 milles (7500 kilomètres) est le suivant :
- Première étape, départ des Sables d’Olonne et arrivée à Santa Cruz de La Palma aux Canaries. Une partie d’environ 1350 milles qui peut être tonique avec entre-autres la traversée du golfe de Gascogne, le passage du cap Finisterre. Les vents contraires et les coups de vents y sont assez fréquents.
- Seconde étape entre Les Canaries et Saint‑François en Guadeloupe. Environ 2700 milles ou il faudra jouer en permanence avec les alizés.
Brieuc Lebec, 29 ans, participe à sa première mini-transat. Il a accepté de nous partager des éléments de sa préparation.
La voile, le sport
Brieuc a grandi à la Trinité sur mer. Il est l’ainé d’une fratrie de 3 enfants. Depuis son plus jeune âge, il fait du bateau. « On navigue beaucoup dans ma famille. J’ai commencé à l’école de voile vers 7 ans. C’est une passion. J’aime être en mer. Et finalement, j’ai pris gout à la compétition tardivement, à la fin de mon lycée ». Pourtant, vers l’âge de 12 ans, il a participé à ses premières régates. L’idée pour lui était d’être avec les copains, de suivre le programme de l’école de voile. « Maintenant, dès que je suis sur un bateau, quel qu’il soit, j’ai envie de le faire marcher. D’être bien réglé et d’aller plus vite que les autres ».
Pour Brieuc, le sport est facteur d’équilibre. « Il me permet à la fois de me défouler dans l’effort physique, de me ressourcer dans la contemplation d’endroit, d’instant et de penser positivement ». Il ne pratique que des sports de plein air (bateau, surf, running, vélo, ski, …). Ainsi, la course à pied ou le vélo, qu’il ne pratique pas en compétition, lui offrent des moments de méditation, de réflexion pour trouver des solutions ou des idées et de l’envie pour ses projets. De plus en plus, Brieuc a pris gout aux efforts longs, rugueux, difficiles. Une forme de dépassement de soi pour mieux se connaître, chercher jusqu’où on peut aller. « Peut-être une manière de me donner confiance ».
« Dans mon équilibre, la vie perso est un support indispensable à ma vie de coureur. Après une course, après une semaine d’entraînements intensive, j’ai besoin de retrouver mes proches pour me ressourcer, récupérer et garder l’envie d’y retourner. »
Le projet mini et son mini 6.50
Brieuc a fait une école de commerce à Rennes. Il a fait le choix de partir en expatriation pour travailler durant 5 ans à Hong Kong. Pendant toute cette période, il a continué à naviguer pour le plaisir. « Après ces 5 ans, mes projets professionnels prennent fin et je rentre en France en juin 2020. Je décide rapidement de participer à la mini-transat 2021. Je me lance à plein temps dans ce projet pour rattraper les quelques mois de retard que j’avais sur mes concurrents. J’achète un bateau et je participe à ma première course en solitaire un mois plus tard ». En septembre 2020, Brieuc participe à la Mini en Mai et se classe second en Série.
Il navigue sur un Mini 6.50. C’est un bateau de 6,50 m de long et 3 m de large. Ce sont les plus petits bateaux conçus et capables de traverser l’Atlantique. L’objectif étant de garder des budgets raisonnables et de permettre à des passionnés, jeunes ambitieux ou simples amateurs de goûter à la course au large. Il existe des bateaux de série et des bateaux prototypes (appelés proto). Pour rappel, c’est sur ce type de bateau qu’ont été testées les premières quilles pendulaires.
Vélotrade, le bateau de Brieuc est un Pogo 3 de série de 2016. Il a le numéro 914.
De plus, il fait partie du centre d’entrainement de Lorient de Tanguy Leglatin, entraineur référent de la course au large. Son programme de préparation prend la forme d’entrainements sur l’eau et aussi de formations à terre, théoriques et pratiques, sur tous les aspects nécessaires. « Il y a une vraie solidarité entre les coureurs et beaucoup de partages sur la performance. Mais également sur la partie technique et préparation des bateaux qui est une dimension primordiale dans notre sport ».
La Mini-transat 2021
« Pour moi, cette mini transat, c’est l’assouvissement d’une soif de course au large qui a grandi au cours de mes premières années de vie professionnelle, alimentée par les récits de mes proches qui avaient pris cette voie de navigant / navigateur ».
Préparation physique, technique, tactique
Depuis plusieurs mois maintenant, sa vie s’organise autour des entrainements avec un programme de courses intermédiaires et un objectif principal : la Mini Transat. La particularité de ce sport réside dans la multitude d’aspects à maîtriser et perfectionner. Et notamment :
La Vitesse – la performance intrinsèque du bateau qui passe par le choix des voiles, les réglages, l’équilibre du bateau…
La Météo & Stratégie – bien comprendre les mécanismes météo, être capable d’observer en mer pour faire les bons choix stratégiques.
L’Électronique & énergie – Une électronique bien calibrée, des capteurs fiables, un réglage de pilote optimal sont des facteurs clefs pour conserver des vitesses moyennes élevées. Ce sont aussi des éléments importants pour les moments de repos ou lorsque l’on n’est pas en train de barrer.
Fiabilité et ergonomie du bateau – La voile étant un sport mécanique, il faut que le bateau soit en mesure de tenir la cadence.
« Je passe la plus grosse partie de ma préparation en mer, à naviguer en entraînement et en course. Mais la préparation du bateau et l‘étude météorologique prends 1/3 de mon temps ».
Préparation mentale
« Dans mes expériences de courses, j’ai expérimenté des états de grâce, de fluidité pendant lesquels on se sent invincible (le fameux Flow). J’ai aussi senti que l’aspect mental pouvait être un facteur limitant à la performance ; L’appréhension de gagner, le manque de confiance en soi, l’impatience, l’énervement. J’avais envie de travailler tous ces aspects pour vivre ces moments de plénitude ».
Ainsi, après une première phase permettant à Brieuc d’identifier ses habiletés mentales (Questionnaire OMSAT) et son profil de performance Spotlight, plusieurs axes de travail ont été mis en place :
- Se projeter mentalement dans des courses longues de plusieurs jours où rien n’est joué avant la fin. Apprendre à gérer les temps forts et les temps faibles.
- Travailler la préparation de course avec la visualisation mentale. « Avoir un schéma clair en tête, visualiser les tronçons de course, anticiper les phénomènes météo, et sans arrêt me projeter sur les heures, jours à venir pour avoir un coup d’avance sur les concurrents ».
- Créer des routines personnalisées, protocoles pour gérer l’attention, les moments de concentration, créer des automatismes
- Mettre en place des techniques d’activation psycho-physiologique (activation mentale et physique), servant à des moments clefs de la course.
- Comprendre les mécanismes du sommeil et apprendre à gérer cet élément important de la performance
- Développer les capacités de Brieuc à se projeter dans la réussite de sa course, en utilisant le protocole appelé PMR (Préparation mentale de la réussite)
« La gestion de la course en termes d’effort physique, d’attention mentale, de sommeil, est un facteur clefs de réussite en course au large. La préparation mentale pour la mini-transat m’a beaucoup aidé à prendre du recul sur tout ça, et à placer le curseur d’attaque justement en fonction des phases de la course ».
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Coach professionnel, Préparateur mental et Sophrologue RNCP à Vincennes
Courses préparatoires et Objectif pour cette mini-transat 2021
« Je pense que mes performances sur les courses préparatoires étaient intimement liées à mon état d’esprit, mon niveau de motivation, de fatigue au moment d’aborder les courses, et pendant les navigations. C’est assez déroutant de l’admettre, mais je suis convaincu que mes contre-performances sur le début de saison (Avril, Mai) étaient toutes liées à un déficit sur le plan mental qui s’est matérialisé par des erreurs stratégiques. »
« Bien entendu, j’ai progressé en navigation, en vitesse, en stratégie. Mais le travail effectué en préparation mentale, les réflexes que j’ai pris, l’état d’esprit dans lequel je suis, les routines de courses, ont été des vrais déclics. J’ai terminé dans le TOP 5 des 3 dernières courses ».
Ainsi, quand je lui ai posé la question « quels sont tes objectifs sur cette mini-transat ? », avec sa voix posée, sa réponse a été limpide. « En bon compétiteur j’ai envie de « naviguer propre ». Un top 5 serait un très beau résultat, un podium une superbe perf, et gagner ferait de moi un extra-terrestre 😉 ».
Pour aller plus loin sur la mini-transat
N’hésitez pas à me contacter ou à me laisser des commentaires en bas de page. Ce sera avec plaisir que j’y répondrai. Merci pour vos contributions.
Je vous conseille également d’écouter l’excellent podcast Pos.Report N°24. Denis Hugues et Tanguy Leglatin nous parlent des Mini 6.50, de la mini-transat 2021.
De plus, pour prendre connaissance les diverses facettes de la préparation mentale, n’hésitez pas consulter sur mon blog tous les articles correspondant.
Notamment, découvrez comment la préparation mentale a aidé William David dans sa gestion de son épreuve d’ultra distance à vélo. Egalement Christian Privat dans sa préparation et sa course de la Diagonale des fous
Enfin, je repartage volontiers la citation du navigateur français Jean-Luc Van Den Heede, deuxième de la Transat 1979 : « En dehors des tours du monde, je ne connais pas une course aussi extraordinaire. Il y a autant de vainqueurs possibles que de concurrents au départ ».
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