Le flow (flux en français), cet état où « rien ne peut nous arriver »
L’état de Flow nommé également » état psychologique optimal » (on dit aussi « être dans la zone ») est un concept qui a émergé dans les années 1970 dans le domaine de la psychologie générale puis de la psychologie du sport par la suite.
Mihaly Csikszentmihalyi est considéré comme le père fondateur de ce concept. Ses travaux de 1975 à 2000 ont permis de définir le Flow. C’est un état d’activation optimale dans lequel le sujet est complètement immergé dans l’activité (oubliant toute notion du temps ainsi que toutes préoccupations).
C’est donc un état de Fluidité / Performance et de Fluidité / Bien être. Que Mihaly Csikszentmihalyi définit de la manière suivante : « C’est un état qui présente presque toujours les mêmes caractéristiques. Dans la grande majorité des cas, le flow se produit lorsqu’une activité est dirigée vers un but et gouvernée par des règles, une activité qui présente une certaine difficulté (un défi), qui exige l’investissement psychique et qui ne peut être réalisée sans les aptitudes requises« .
Ainsi, à travers cette définition, on conçoit aisément que cet état de flow se retrouve dans le sport. Mais il est aussi très présent dans les domaines artistiques (acteurs de théâtre, acteur de cinéma, danseur, musicien, etc.). Et aussi dans notre vie quotidienne ! Vous avez déjà vécu des expériences optimales !
Les indices de l’état de flow
Ainsi Mihaly Csikszentmihalyi identifie plusieurs éléments qui sont les indicateurs de l’apparition et de l’intensité de cet état de Flow :
1. Une perception d’un équilibre entre ses compétences personnelles et le défi à relever. On se sent parfaitement en phase, motivé (avec une composante de motivation intrinsèque forte), en pleine possession de ses moyens. Les actions à réaliser sont exigeantes, elles demandent de l’effort.
2. Une centration de l’attention sur l’action en cours (la concentration est maximale). Rien ne me perturbe, je suis dans ma bulle…
3. Des feedback clairs. Je suis dans ma bulle, mais je perçois mon environnement, je sens mon corps (et je suis OK avec les signes qu’il me renvoie). Je m’adapte aux situations, je fais face aux imprévus.
4. Des sensations de contrôle sur les actions réalisées et sur l’environnement. Ma tête et Mon corps réagissent comme je le veux.
5. L’absence de stress, d’anxiété et d’ennui ainsi que la perception d’émotions positives (bien-être, plaisir, etc.).
Mais la question que se pose souvent les coachs, les athlètes, ou toute personne face à un défi : « Comment faire pour se (re) trouver dans cet état optimum ?« .
Quelques paroles de champions (professionnels, amateurs)
Pelé, footballeur brésilien : « J’ai ressenti comme un étrange calme… une sorte d’euphorie. J’ai eu l’impression de pouvoir courir une journée entière sans fatigue, de pouvoir dribbler à travers toutes leurs équipes ou à travers tous, que je pouvais presque leur passer à travers physiquement. »
Agnès Duhail, traileuse Team Poli : « Une course pendant laquelle tu ne vois pas les minutes défiler. Tu as l’impression que les kilomètres passent sans prise sur toi. Les quelques rappels à la réalité n’enrayent pas le plaisir éprouvé ni le bien être qui est en toi. »
Novak Djokovic, tennisman : « Chaque athlète professionnel espère l’atteindre. C’est un de ces moments où, presque sans effort, vous exécutez de façon automatique tout ce que vous avez l’intention de faire. Vous n’avez même plus besoin de penser. Vous êtes comme guidé par une force qui vous dépasse. vous vous sentez divin, vous vous sentez appartenir à une autre dimension. C’est un sentiment extraordinaire, que l’on espère tous connaître. »
Les 9 dimensions du flow
En se basant sur les travaux de Csikszentmihalyi, des études qualitatives ont été menées permettant de décrire le concept de flow dans le domaine sportif. Ainsi, neuf dimensions constitutives du flow ont été nommées.
Le juste équilibre
La sensation d’un équilibre entre la demande de la tâche et les compétences personnelles. Cette notion d’équilibre entre niveau de difficulté et capacités personnelles apparaît comme centrale dans le concept de flow. Pour se retrouver dans cet état, il faut faire des efforts ET nous avons les capacités, les qualités, les compétences pour y arriver. Ainsi, on perçoit aisément le lien qu’il y a avec la confiance en soi. On sait que ce ne sera pas facile. Et en même temps, on a confiance en ses capacités, ses habiletés physiques, techniques, tactiques, mentales pour y arriver.
La clarté des buts
Avoir des buts, des objectifs clairs, précis que je me suis fixé (ou que j’ai pleinement accepté). Ils permettent de diminuer l’incertitude qui engendre du stress. Ces buts permettent également de fixer son attention sur les éléments pertinents de la performance et d’éviter ainsi toutes distractions.
L’immersion dans l’activité
L’union de l’action et de la conscience, une totale immersion dans l’activité. On comprend à ce stade pourquoi la motivation et notamment son aspect intrinsèque est si prépondérante. On prend plaisir dans l’activité, on se nourrit de ce qu’elle nous apporte, on vit, on vibre avec elle.
L’élasticité du temps
La perception de la transformation du temps. La situation peut être perçue comme se déroulant très lentement ou au contraire comme s’écoulant rapidement.
La perte de conscience de soi
Sur ce point les témoignages sont frappant : les personnes ne ressentent plus l’effort physique par exemple.
Des feedback clairs et précis
La perception de feedback clairs et précis qui permet d’avoir des informations sur son action, ce qui favorise une continuité dans l’accomplissement de ses objectifs.
La concentration sur la tâche
La personne a besoin d’être entièrement concentré afin de pouvoir faire face aux événements. La concentration sur la tâche est totale en état de flow et aucune pensée extérieure ne vient la perturber.
Le sens du contrôle
Cette dimension reflète la sensation de pouvoir réaliser n’importe quelle action et de la réussir quelle que soit la tournure des événements.
L’expérience autotélique
C’est une expérience agréable et enrichissante qui survient lorsque l’organisme fonctionne au maximum de ses capacités. C’est une expérience auto satisfaisante. Elle est holistique, c’est à dire intégrative : physique, émotionnelle, mentale, …
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Flow, les conditions qu’il faut réunir à minima
Mais sans garantie absolue de succès… malheureusement
Un défi réaliste
Pour cela, je vous renvoie à la définition de Peter F. Drucker (management par objectif en 1954) définissant le concept de SMART : Spécifique Mesurable Acceptable et Ambitieux Réaliste Temporel.
Des objectifs / règles / organisation précis et clairs
Il faut donc réduire le plus possible tout facteur d’incertitude, d’inconnu qui, pour la plupart d’entre nous, sont générateur de stress. L’objectif est de se centrer sur les points sur lesquels j’ai une maîtrise. Et donc apprendre à lâcher prise sur les autres facteurs.
La sensation de faire face et de maîtriser la situation
En parallèle du point précédent, il faut lâcher prise sur le contrôle absolu. Il va nécessairement se passer des choses imprévues. Ce n’est pas grave, je les accepte (souvent l’échec commence là, par le refus) car j’ai confiance en mes talents, mes capacités pour y faire face. Il est nécessaire de développer ses habiletés mentales de lâcher prise et de travailler ses capacités d’acceptation, de réaction et d’adaptation. C’est donc une approche de développement personnel et de meilleure connaissance de soi (psychologie positive pour travailler en pensée positive).
Une concentration sans faille
Premièrement, elle doit être totale. Si des facteurs externes, internes me font sortir de ma bulle, je dois activer mes parades pour y retourner le plus vite possible (dans mon précédent article sur le questionnaire OMSAT-4, ce sont les 2 critères Concentration / Reconcentration qui sont mesurés). Pour cela, des routines à base de Programmation Neuro Linguistique (PNL) et/ou de Sophrologie sont extrêmement efficaces. Des techniques de respiration, de visualisation, de méditation pleine conscience sont des exemples pour développer ses routines de concentration.
Ainsi, quand le stade maximal est atteint, l’athlète devient totalement immergé dans ce qu’il fait (on parle d’union entre l’action et la conscience). Il perd la notion du temps (on appelle ça l’élasticité du moment qui passe soit vite, soit lentement). Il perd même la notion de son corps, de l’effort (et de ses douleurs).
Des feedbacks
Pour entrer dans cet état optimal et y rester, il faut que l’athlète reçoive des retours d’informations lui disant de continuer, de changer, de s’adapter tout en restant aligné sur l’objectif. C’est pour cela, que dans les sports ou le coaching durant l’épreuve est autorisé, il est fondamental de faire ces feedbacks. Et là, on touche à un autre aspect : le langage verbal et non verbal entre l’athlète et son coach.
De même, dans les sports plus « solitaires », tous les moyens sont bons pour en donner. Pour s’en donner aussi ! Par exemple, le fait de se parler, ce fameux dialogue intérieur. Le fait de sourire comme le faisait systématiquement Chrissie Wellington sur ses marathons sur Ironman. On parle de dialogue interne positif (les mots, pensées que l’on se dit, voir que l’on prononce à haute voix dans l’effort).
Un détachement par rapport à l’enjeu de la tâche à accomplir
Ce facteur est probablement le plus difficile à atteindre et à travailler. Comment arriver à dire et faire accepter à son athlète le fait que « cette épreuve des JO est certes Unique, mais qu’il faut s’en détacher pour mieux performer » ? N’ayant jamais coaché des sportifs à ce niveau, je n’ai pas cette expérience. Mais ce que peux en dire à travers mon vécu de l’accompagnement de sportifs professionnels, d’athlètes de haut niveau ou de dirigeants d’entreprises :
- les athlètes centrés sur la performance plutôt que le résultat y arrivent mieux.
- il me semble important d’enlever de la tête de son athlète les projections « d’après match » alors que la partie n’a même pas démarré !! (Ne pas penser à « quelles seront les conséquences de mon éventuelle victoire ou de mon éventuelle défaite ? »).
- il faut vivre pleinement e moment présent : Etre Ici et Maintenant, « Quand je rentre dans l’arène, je suis acteur ».
- les facteurs de motivation intrinsèque vs extrinsèque sont fondamentaux.
En conclusion de ce point, je dirais qu’il faut avoir l’ambition de la performance.
Un entrainement mental régulier pour atteindre le flow
Les diverses techniques citées dans cet article sont diverses approches de la préparation mentale. Or la préparation mentale n’a rien de magique. Elle se base sur la répétition des protocoles. En 3 phases : l’entrainement dissocié, l’entrainement associé, l’entrainement intégré.
Ainsi, les techniques d’optimisation du potentiel permettent par exemple de se programmer mentalement à réussir. Ces séquences moult fois répétées deviennent des automatismes (elles sont utilisées par exemple par la Patrouille de France). En conséquence travailler sur soi, s’entraîner, répéter, ajuster, corriger sont au cœur du dispositif pour créer les conditions pour trouver cet état de Flow.
Témoignage sur le Flow
Je vous propose de lire l’entretien d’Agnès Duhail, du Team de trail Team Outdoor Poli : « Duathlon de Zofingen, une histoire de flow« . Vous découvrirez sur son blog l’expérience qu’elle a vécu lors de sa victoire en groupe d’âge au Duathlon de Zofingen. Vous verrez que ce jour là, « tout n’était pas aligné au départ ». Agnès a su faire face et s’appuyer sur ses talents.
Domaines d’application du flow, autre que le sport
Le concept de flow est central dans la pratique sportive car il permet de comprendre les expériences positives vécues par les athlètes. Ainsi, cette compréhension est indispensable pour les coachs afin de les aider à s’approcher de cette Zone de manière volontaire et à des moments précis.
Ainsi, l’approche est tout à fait similaire dans le monde de l’entreprise. Qui ne souhaite pas être en capacité à prendre des décisions, à régler un conflit, à réaliser un entretien identifié comme particulièrement difficile, à éclaircir une situation compliquée … en étant dans un état psychologique optimal ?
Mais également dans les domaines artistiques comme le théâtre, la musique, le cinéma.
Vous êtes sportif et vous souhaitez travailler sur vos facteurs de Performance ? Contactez moi pour échanger sur le sujet.
En entreprise, vous êtes cadre, dirigeant. Vous êtes convaincus que la dimension mentale est importante dans votre métier ? Contactez moi pour échanger sur le sujet.
Pour aller plus loin sur le Flow
Pour plus de références sur le flow, je recommande la lecture de cet article : « Demontrond Pascale, Gaudreau Patrick, « Le concept de « flow » ou « état psychologique optimal » : état de la question appliquée au sport », Staps, 2008/1 (n° 79), p. 9-21. DOI : 10.3917 / sta.079.0009. »
Sur la gestion du stress, je vous recommande ma série d’article sur le sujet : celui sur les techniques anti stress (avec notamment la respiration) et celui sur le stress positif (appelé eustress)
Enfin, je vous recommande aussi d’écouter cette conférence de Mihaly Csikszentmihalyi : « Le Flow, le secret du bonheur ». Vous pouvez aussi consulter son ouvrage “Flow : Psychology of Optimal Experience”, traduit en français par “Vivre : la psychologie du bonheur”.